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Un processus créatif en marche !
Interview de Jean-Claude De Bemels & France Gilmont
- Jean-Claude De Bemels, scénographe, est directeur artistique de la Zinneke Parade. Pour simplifier, ses amis disent : "Le Grand Zinnographe"
- France Gilmont, metteuse en scène, est coordinatrice artistique. 
Ils commencent à travailler sur la Parade 2002.
Interview
 
 - Comment définir la Zinneke ?

France
: Tenter de définir la Zinneke, voilà sans doute ce qu'il ne faut pas faire. Il serait dommage de lui donner une définition réductrice qu'il l'enfermerait dans ce qu'elle n'est que partiellement. Car la Zinneke est un mouvement en marche. Une suite ininterrompue de rencontres entre des gens qui ont échangé des idées, des impressions. Des gens qui se sont donné l'envie de travailler ensemble, l'envie d'oser se montrer, de montrer ce qu'on a fait, et d'en être fier. Des gens qui ont eu la force de quitter le privé pour l'espace public et ainsi crier au monde leur existence. Avec en tête un objectif : redonner à Bruxelles un caractère vivant, avoir enfin le sentiment d'appartenir à une ville, à une époque et cela tous ensemble.
La rencontre des communautés a fait exploser de diversité cette Zinneke et c'est sûrement cela qui lui donne son caractère d'unicité. L'unicité dans la pluralité, voilà ce qu'est la Zinneke. Allez parler à un Zinneke et vous comprendrez !

- Au début, vous aviez l'idée mais comment avez-vous contacté les gens, comment avez-vous présenté le projet ?

Jean-Claude : On a pris notre bâton de pèlerin. On a organisé des réunions avec plusieurs associations dans chaque quartier. Il y a des dizaines d'ateliers dans tous les quartiers de Bruxelles. Mais on ne les voit jamais, ils restent dans leur coin, ils ne montrent jamais ce qu'ils font aux autres de sorte qu'on ne se rend pas compte de l'importance de cette marmite créative. Or l'art, la création, c'est pour communiquer avec les autres ! Ça ne doit pas rester en cercle fermé. C'est ce qui est intéressant dans la Zinneke, tous ces ateliers qui ont fait un boulot formidable pendant des mois et des mois, tout ce qui s'est passé avant le jour Z. Mais le jour Z, ils sont venus montrer à des centaines de milliers de personnes ce qu'ils avaient construit semaine après semaine. Au centre de la ville. Les jeunes des quartiers n'auraient jamais imaginé cela, se faire applaudir par trois cent mille personnes au centre-ville. Voilà, on a montré qu'il y avait un vrai bouillonnement créatif dans tout Bruxelles et que tout le monde peut se laisser tenter par la création artistique.

- Comment a marché la collaboration entre les artistes et les Zinnekes ?

France
: Réussir la Zinneke, c'est mettre en place un réseau créatif qui est au service des amateurs, qui prennent peu à peu, au fil du temps, de l'assurance. C'est l'apprentissage, sous l'oeil attentif d'artistes professionnels, de techniques nouvelles. On apprend à danser, à chanter, à jouer des percussions, à toucher aux techniques du cirque, on apprend à se déplacer en cadence, on découvre des rythmes, on apprend la couleur, on dessine, on peint, on imagine, on coud, cloue, colle. Et tout ça souvent pour la première fois. L'artiste met en apprentissage, affine des techniques déjà connues, pose la question de l'esthétique et du sens, a les moyens de mettre en chantier et d'aboutir. En fait, ils apprennent à travailler ensemble, à vivre ensemble. Mais le rôle de l'artiste n'a pas toujours été simple. Il n'est pas là en tant que créateur individualiste, il est le pivot où l'on peut puiser la remise en question, l'assistance, l'encouragement. Il est là pour pousser les idées et les concrétiser. Car l'artiste reste exigeant et donc sollicite l'équipe à se surpasser. Il faut pour réussir ce pari insensé beaucoup de qualités humaines, de patience, de volonté et d'enthousiasme.

Jean-Claude : Beaucoup n'en reviennent pas d'avoir réussi à le faire. Parce que ça été très dur les derniers mois. Certains groupes n'ont pas eu de répétition avec les autres groupes. Ils avaient répété dans leur coin, mais pas eu l'occasion de répétitions d'ensemble. Donc ils n'avaient pas vu si ça fonctionnait. La plupart des participants ne savaient pas ce que c'est que «parader». Or cela implique une façon de se déplacer, une façon d'être, se donner en spectacle.

- Pourquoi une nouvelle parade ?

Jean-Claude : Pour aller encore plus loin. C'est ce qui me motive. Et puis ce serait tellement con qu'il y ait plus rien. Tout le monde a reçu cet événement : la presse, les politiques, le public. En voyant la Zinneke beaucoup ont retrouvé une fierté.

France : Des nouveaux groupes veulent poursuivre ce travail, aller plus loin, recommencer mieux encore. Aller montrer leur travail ailleurs, dans d'autres villes, d'autres pays. Le virus Zinneke a sévi. Nous sommes tous devenus Zinnekes. Bruxelles ne sera plus jamais comme avant la Zinneke. Un espoir nouveau a germé. Il faut maintenant faire en sorte que le mouvement continue et s'amplifie.

- Alors pourquoi seulement tous les deux ans ?

Jean-Claude : C'est assez facile de faire une grande manifestation où tout le monde danse et s'amuse. Mais construire une manifestation qui exprime quelque chose, qui est belle à regarder, qui raconte, c'est plus compliqué.
C'est un long travail. C'est au fond un travail permanent qui sera montré tous les deux ans.

France : À tous les Zinnekes, à bientôt !
 
 

 

Watte ?

. Bedoeling : Brussel haar levendig karakter teruggeven, eindelijk opnieuw het gevoel hebben bij een stad te horen
. Er zijn tientallen ateliers in de Brusselse wijken, maar je ziet ze nooit. 
Kunst, de creatie, dat mag niet achter gesloten deuren blijven

. Bij het zien van de Zinneke Parade hebben veel mensen een zekere trots herwonnen
. Brussel zal nooit meer zijn zoals voor Zinneke
. Er voor zorgen dat de beweging voortduurt en versterkt wordt.

Aan alle Zinnekes, tot binnenkort  !