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Luk Mishalle dirige le zinnopôle Nord-Ouest

 
Journal Le Soir, 22/05/2002

« Certains passent des nuits à confectionner un char »

Mélange de genres, la Zinneke Parade doit pourtant aboutir à un ensemble cohérent. Une réussite qui tient parfois du miracle.

ENTRETIEN

Luk Mishalle, vous êtes directeur artistique de la zinnode (1) Nord-Ouest. Comment réussissez-vous à mélanger les genres pour parvenir à un ensemble cohérent ?

C'est un mystère. En fait, il s'agit d'un travail de plus d'un an. J'ai le titre de directeur artistique mais je suis en fait davantage un coordinateur. Pendant toute cette période, je m'attache à ce que les différentes idées s'échangent. Il m'appartient ensuite de trouver une solution pour que tout le monde puisse travailler ensemble. C'est vrai que, a priori, la musique nigériane et la fanfare contemporaine ne se marient pas !

Quel est alors le secret de la réussite ?

La volonté des participants explique beaucoup. La plupart ont un travail à temps plein. J'en connais qui passent des nuits à confectionner un char. Je travaille aussi avec des gens qui n'ont pas vécu plus de dix ans à Bruxelles et qui ont envie de montrer leur appartenance à la ville. Cet enthousiasme est pour beaucoup dans la réussite du projet.

Vous avez une idée en tête et recrutez ensuite ou travaillez-vous plutôt en fonction des participants ?

C'est plutôt la deuxième option. Dans notre pôle, on travaille avec des gens qui se sont spontanément proposés. Tout dépend en fait du projet artistique. Parfois, il est nécessaire de faire appel à des personnes dotées de compétences spécifiques.

Assistez-vous parfois à des surprises ?

Pas de mauvaises en tout cas. Après deux répétitions, on sentait que ça pouvait fonctionner. Généralement, pourvu que l'esprit y soit, cela ne débouche pas sur un échec. Certains artistes qui travaillent avec nous ont déjà une expérience de ce type de travail et la plupart acceptent volontiers de collaborer avec des autodidactes.

Précisément, pensez-vous que la Zinneke puisse faire naître des vocations ?

Il ne faut pas donner trop d'espoir aux gens. Il y a une grande différence entre ceux qui jouent dans des groupes dans le cadre de la Parade et des pros. Cela dit, le but n'est pas là non plus. Il est plutôt de leur donner le goût de la musique et du spectacle. De toute façon l'élément créatif reste.

Quels sont alors les critères pour engager quelqu'un pour la Zinneke ?

Il faut avoir envie d'exprimer quelque chose. Nous orientons alors en fonction des qualités.

Que vous apporte à vous, saxophoniste professionnel, de travailler avec des amateurs ?

C'est un travail qui s'effectue dans le cadre d'un groupe. Ce qui suppose aussi un échange d'idées. C'est très enrichissant.·

(1) Une zinnode est constituée de partenaires multiples qui s'organisent autour d'un projet artistique commun. Chaque zinnopôle développe plusieurs zinnodes.

FABRICE VOOGT

© Rossel et Cie SA, Le Soir, Bruxelles, 2002

http://www.lesoir.be